La diversité culturelle et la pluralité linguistique sont considérées comme un fait universel dont la plupart des sociétés humaines partagent les nombreux aspects. Les expériences vécues dans plusieurs pays ont abouti à des changements dans les politiques publiques de certains états qui ont prouvé leur capacité à gérer démocratiquement les diversités culturelles et linguistiques existantes. La gestion positive de cette diversité est devenue un choix stratégique dans les différents aspects de la vie politique, sociale et culturelle de ces pays; ce qui a contribué positivement à assurer la stabilité sociale et politique, à renforcer la démocratie et à préserver les valeurs de tolérance, de liberté et d’équité.
En revanche, les politiques d’exclusion que certains Etats adoptent et qui sont basées sur l’identité unidimensionnelle, ont eu des conséquences désastreuses telles que l’apartheid, la persécution.
Le sentiment de marginalisation et d’exclusion engendrés de ce fait, pousse inéluctablement les populations victimes de cette exclusion à exprimer les angoisses des diverses composantes identitaires marginalisées. Certains courants politisés commencent à adopter des solutions alternatives extrêmes qui ne font qu’alimenter les conflits. Cette situation induit la confusion et la division.
Les responsables politiques d’un état qui appliquent leurs choix politiques dans les domaines publiques, sans tenir compte de la diversité culturelle et linguistique de la société ; se mettent en contradictions avec le droits international et mettent ainsi en péril l’unité nationale. En outre, La mauvaise gestion de ces différences exacerbe les crises dans ces pays au niveau social, politique, économique, culturel et linguistique. Les multiples formes d’exclusion ou de marginalisation que vivent les communautés Amazighs en Afrique du nord et au sahel mettent les états dont ces communautés sont originaires (Maroc, Algérie, Libye, Mali, Niger, Tunisie, Egypte, Mauritanie, Espagne) dans cette situation de conflit autour de l’identité national et par conséquence de l’unité nationale.
La gestion de la diversité linguistique et la pluralité culturelle dans un pays, incombe à l’Etat, selon Les Conventions internationales relatives aux droits de l’Homme. De ce fait, » l’État est dans l’obligation d’élaborer des plans, des politiques publiques et des programmes afin de donner leur place aux différentes composantes linguistiques et culturelles dans un pays ».
La langue comme mécanisme de développement de la culture locale, constitue une des facettes vivaces de la culture dont la reconnaissance officielle et la prise en charge institutionnelle contribue à conforter l’identité culturelle nationale.
Les conventions internationales relatives aux droits de l’Homme, incitent les pays à « intégrer la diversité linguistique et la pluralité culturelle dans leurs politiques et leurs programmes dans un contexte global fondé sur la démocratie et l’équité, avec toutes ses dimensions politiques, sociales et culturelles ».
Sensibiliser les citoyens, les élites intellectuelles et politiques ainsi que les administrateurs des affaires publiques à l’importance de la pluralité culturelle et de la diversité linguistique est devenu pour les défenseurs des Droits Humains un devoir. De même, nous devons contribuer à son enracinement et sa consolidation en insistant sur le devoir de l’Etat et de la société. Convaincu que la reconnaissance des différences, le respect de la diversité et la tolérance sont les meilleurs garants de la sécurité et de la stabilité contre le racisme et l’extrémisme.
La prise en charge équitable de la diversité culturelle et linguistique conforte la paix, la coexistence en consolidant l’unité nationale.
Les différentes expériences internationales dans la gestion de la diversité linguistique et culturelle sont une source de richesse d’alternatives qui peuvent inspirer toute nouvelle expérience.
Cependant, les états qui ont optés pour la reconnaissance officielle en institutionnalisant la prise en charge de la diversité linguistique et culturelle sur des bases démocratiques Ont réussi à sauvegarder l’unité nationale en élargissant l’espace démocratique devant les initiatives citoyennes.
En revanche, des mouvements séparatistes, des conflits communautaires parfois armés naissent dans ces états qui continuent d’ignorer la diversité linguistique et culturelle de la société.
Nous constatons que les gouvernements en place dans les états d’Afrique du nord et du Sahel refusent, à des niveaux différents, d’intégrer la diversité linguistique et la pluralité culturelle dans leurs politiques n’inscrivent pas leurs programmes dans un contexte global fondé sur la démocratie et l’équité, avec toutes ses dimensions politiques, sociales et culturelles.
Le peuple amazigh est confronté plus que jamais à l’exclusion et au déni de son identité par les gouvernements des pays dont les différentes communautés amazigh sont originaires.
Dans certaines régions du vaste territoire de Tamazgha (Afrique du nord et Sahel) Des mouvements armés, ou fortement politisés revendiquent une autonomie de leurs régions en confrontant les états au droit universel des peuples à l’autodétermination. La question de l’identité amazighe se pose certes, de différents aspects, selon les états concernés et demande une résolution pacifique dans le cadre d’une réelle transition démocratique. De ce fait, Les organisations amazighes sont appelées à réfléchir sur les voix les plus porteuses dans leur plaidoyer en faveur d’une reconnaissance de l’amazighité dans ces différentes dimensions.
Les nombreux acteurs amazighs, agissant dans le cadre des organismes de la société civile, sont appelé à coordonner leurs actions et à multiplier leurs efforts envers les organismes et les instances nationales et internationales dans le sens de faire respecter et de développer les droits linguistiques et culturels Amazighs par les états concernés.
A l’occasion de la tenue du Forum social mondial 2015, en Tunisie, Patrie du Roi Massinissa, et de Jugurtha :
Trois organisations regroupant plusieurs dizaines d’associations amazigh au Maroc se sont mobilisées afin de faire entendre la voix des imazighen et de partager leurs expériences avec d’autres acteurs venus d’autres pays.
La fédération nationale des associations amazighes, le réseau amazigh pour la citoyenneté et la voix de la femme amazigh organisent, un atelier de réflexion collective sur les contraintes rencontrées face à la reconnaissance du multilinguisme et la pluralité culturelle dans la région de l’Afrique du nord et du Sahel.
La réflexion portera sur les moyens d’amener les décideurs à la mise en œuvre de l’intégration de tamazight dans les domaines de la vie publique.
Les expériences des organisations internationales, régionales et provinciales dans ce domaine, permettra l’échange et l’élargissement des perspectives stratégiques communes.
La conférence sera organisée avec la participation des représentants de plusieurs communautés, d’organisations régionales et nationales. Les interventions prévues aborderont les axes de réflexion suivants :
I- La gestion de la diversité linguistique et de la pluralité culturelle à l’aune des Conventions Internationales sur les Droits de l’Homme.
II- la gestion de la diversité linguistique et la pluralité culturelle par les états de L’Afrique du nord et du Sahel ;
III- Le contexte particulier de l’expérience Marocaine dans la Gestion du fait amazigh.
IV- La femme amazighe état des lieux et defis
Objectifs du Colloque:
– Créer un espace de dialogue et d’échange d’opinions entre les acteurs associatifs et entre les décideurs et les acteurs politiques ;
– Clarifier les fondements et les alternatives des expériences internationales notamment au domaine de gestion de la diversité culturelle et linguistiques;
– Permettre aux participants l’accès aux données concrètes sur la situation de l’Amazigh dans les pays d’Afrique du Nord et du Sahel ;
– Mettre en application les moyens de coopération et de coordination entre les représentants des peuples présents à la dite Conférence ;
– Œuvrer à concrétiser les perspectives sur les mécanismes, les parcours et les conditions pour une large sensibilisation sur le fait que l’instauration de la démocratie est le meilleur garant d’une gestion équitable de la diversité linguistique et culturelle.